Sol dans sa tête elle voyait pas le port comme ça. Elle n'y allait pas très souvent (elle a un peu peur des mouettes), peut-être une ou deux fois avec maman quand elle achetait du poisson pour demain, ou en passant pour aller à la bibliothèque. Alors elle ne connaît pas très bien, elle n'est pas sûre de pouvoir se rendre très utile dans ces histoires d'évasion de l'île.

Ça faisait quelques jours maintenant que les rumeurs couraient dans la ville, que peut-être qu'on pourrait partir si les bateaux démarraient, peut-être que les adultes sont là-bas, sur le continent. Sol a envie d'y croire, très fort, mais elle nourrit quand même toujours un peu de colère envers ses parents (ils l'ont abandonnée, laissée seule, livrée à elle-même). Malgré tout, elle se tient maintenant devant un des entrepôts, sa crosse en main et ses rollers aux pieds

il s'agit de voir ce qui peut être récupéré et utilisé

Sol ne sait pas grand-chose des bateaux mais dans le doute, il y a toujours les livres pour l'aider plus tard et elle veut d'abord voir comment ça se présente, s'il y a d'autres personnes qui ont aussi l'espoir de s'en aller (se casser d'ici comme on dit).

D'un pas qui se veut résolu, elle entre dans l'antre du lion.

Elle sursaute dès qu'elle entend une voix désincarnée résonner contre les carcasses de ferraille, manque de glisser trébucher et se retrouver au sol ça serait malin ça, de s'écraser direct, ne pas pouvoir s'imposer.

Elle repère très vite la source de ces sons (c'est comme identifier qui a la balle sur le court finalement), le gars perché sur son chalutier, la mèche sur l’œil comme ces chanteurs un peu gothiques qu'elle voyait parfois à la télé, en plus petit, en plus nerveux.

Ouais, qu'elle répond simplement, pas besoin de s'éterniser s'ils sont là pour la même chose. Y a personne d'autre ? Je croyais qu'on serait beaucoup.

Elle ne voit pas vraiment qui voudrait rester, sur cette île dépeuplée, habitée seulement par des Wendy et des Peter Pan, sans vraie maison où retourner.