En cette douce matinée de printemps, le soleil se levait sur la cité d'Ys. Dans les rues, un calme inhabituel s'était fait roi. Les terrasses des cafés étaient vides, les rues désertes et malgré l'odeur du pain flottant dans l'air, même les lumières des boulangeries étaient éteintes. Alors que la nuit laissait place à la lumière, les bras de Morphée laissèrent place à la stupeur et l'angoisse. Car en cette douce matinée de printemps, tous les adultes avaient disparu.



Fleuron de la technologie moderne, Ys à été créée comme une ville utopique. Construite sur les ruines d'anciennes civilisations qui vivaient sur cette petite île des USA, cette cité immense s'est très vite imposée comme une très grande puissance économique mondiale. On y effectuait de nombreuses recherches sociales et scientifiques afin d'y préparer le monde de demain.

Son quartier résidentiel à été construit avant tout pour répondre à la densité de population grandissante. D'immenses tours, construites avec les meilleurs matériaux, les plus solides, les plus stables, les meilleurs isolants phoniques, afin d'en faire les lieux de vie les plus confortables possible. Ceux qui en avaient les moyens s'étaient permis d'installer de grandes propriétés personnelles comme des villas, mais cela restait un phénomène isolé. Quelques petites maisonnettes d'irréductibles ayant refusé de les céder restent encore aujourd'hui debout, vestiges du passé de la ville.

Ce qui à très vite pris de l'importance fut le quartier d'affaires. De nombreux chercheurs y travaillaient, tout particulièrement dans le domaine des nouvelles technologies, mais aussi sur les sciences sociales, du bâtiment ou de l'éducation. Il y avait évidemment des sièges de banques et autres métiers de la finance, mais c'était loin d'en être la majorité. A Ys, la priorité était de créer un modèle de vie dans lequel les gens accepteraient de vivre avec les contraintes du monde futur. De nombreux bâtiments sont encore aujourd'hui en construction.

La cité scolaire était un autre point important. On y trouvait parmi les meilleurs professeurs dans de très nombreux domaines. Les sciences, certes, comme la physique ou la génétique, mais aussi la philosophie, la musique et même certains sports. Il s'agissait de donner un maximum de choix aux enfants concernant leur orientation, pour en faire des adultes plus heureux et aussi plus productifs.

Le centre ville, quant à lui, était le coeur de la vie sociale de l'île. De nombreux cafés, bars et autre lieux sociaux avaient fait leur place et participaient activement au bonheur collectif. Les théâtres, salles de concert, de sport, et autres opéras faisaient rayonner la culture et procuraient aux habitants des loisirs nombreux et accessibles. Non loin du centre ville se trouvait un immense parc botanique avec de nombreuses ambiances dans lesquelles on pouvait se plaire à flâner ou à pique-niquer en famille.

Enfin, autour de l'île, la mer, bien entendu. Une mer toujours des plus calmes, même les jours de mauvais temps. Autour de la ville s'étalait une longue bande de sable sur laquelle on se plaisait à venir se baigner ou bien rêvasser sous un parasol, au pied des hautes digues artificielles.

La ville est reliée au continent par un grand pont d'acier. Mais ce pont marque aussi la séparation d'Ys avec sa banlieue pauvre. De l'autre côté, sur le continent, on découvre une autre facette de la ville. Un quartier entouré d'usines, de centrales et d'entrepôts, qui produisent la nourriture, l'électricité et les ressources pour Ys.

Le port industriel fait beaucoup moins rêver que la belle plage de l'île. Tout n'est ici que frets, cargaisons et grues de déchargement. Dans ce décor métallique où les cris des marins de passage résonnent, on ressent toute la jalousie des gens de la banlieue pour ceux qui ont la chance de vivre au sein de la cité.

Cloisonnant Ys et sa banlieue du reste du monde, la nature est encore forte ici. Au sud de la banlieue de la ville se trouve une immense forêt dense uniquement traversée par une autoroute, celle qui mène à Ys. Ensuite viennent les hautes montagnes, rendant l'accès à ce paradis très difficile, tout comme son départ.



Mais ces lieux pleins de vie ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient. Un matin d'avril, tous les adultes de cette cité idyllique s'étaient volatilisés. Les jeunes de la ville s'étaient réveillés pour découvrir la disparition de tous les individus de plus de quinze ans. Sans la moindre explication, ils étaient partis en abandonnant tout derrière eux : nourriture, vêtements, effets personnels, moyens de transports. Chaque chose était à sa place, où leurs propriétaires les avaient laissées, mais il n'y avait plus aucune trace de ces derniers. Pour une raison mystérieuse, malgré le fait que l'électricité soit toujours approvisionnée dans la ville, toutes les communications téléphoniques, les chaines télévisuelles, la radio ainsi qu'internet avaient cessé d'émettre et de fonctionner dans la ville, les laissant sans informations sur le monde extérieur. Piégés dans cette ville moderne aux airs de ville fantôme, enfants et adolescents étaient désormais livrés à eux-mêmes.