Le lourd silence de l’abandon. Tout était pesant, l’air, tes larmes, ton cœur. Tu usais de tes cordes vocales avec acharnement, mais c’était comme crier dans l’espace, rien n’était là pour porter le son jusqu’à une autre personne. La trotteuse défilait à une vitesse ridicule comparativement à l’ordinaire. Tu t’étais résolu, toi et l’étau qui se serrait de plus en plus dans ton poitrail, ta mère t’avait réellement laissé tomber. L’archi-cauchemars de tout bambin semblait être ta propre existence désormais. Enfin, il ne l’était pas devenu seulement pour toi mais cela tu l’ignorais encore.
Tu ne pouvais plus rien faire d’autre que pleurer à chaudes larmes les fesses posées sur le sol, ton doudou, seul allié qu’il te restait, à la main. Déjà, de base, tu étais très vulnérable, peut-être même plus que la plupart des enfants de ton âge, mais là actuellement, c’était encore pire qu’à l’accoutumé. Il allait falloir t’endurcir Callum si tu voulais survivre au-delà de ta maison, maintenant que votre petite île s’était transformée en allégorie de l’anarchisme infantile, mais tu étais loin de te douter de tout cela.
Soudain, tu sursautas et arrêtas l’écoulement continu de tes larmes de crocodiles. Un bruit sourd venait de résonner et il semblait venir de ton jardin. Tu étais tétanisais sur place, tu n’arrivais qu’à respirer et à cligner des yeux, rien d’autre. Une ombre se dessinait derrière le rideau gris qui se trouvait devant la baie vitrée.
-« Callum ! »
Une voix douce et vaguement familière venait d’appeler ton nom en associant son geste avec un nouveau coup sur la vitre. Tu te dirigeas alors doucement vers le fameux morceau de tissu à moitié opaque et passa quelques centimètres de ta tête derrière ce dernier. Tu essayais de te pas te faire voir, mais c’était vraiment loupé. On te voyait quasiment en entier depuis l’extérieur. Tes yeux découvrirent une jeune fille aux cheveux rose bonbon qui semblait être beaucoup âgé que toi, tu aurais dit au moins 26 ans selon tes estimations infantiles. Tu la connaissais, c’était ta voisine, tu en étais certain (et ça c’était quelque chose, car il y avait peu de chose dont tu étais parfaitement certain).
Tu restas un long moment sans lui adresser le moindre geste ni réponse. A vrai dire tu ne savais pas vraiment quoi faire. On t’avait dit toujours dit ne pas ouvrir à des inconnues, mais d’un autre côté, là ce n’était pas une inconnue vu qu’il s’agissait de ta voisine, du coup cette règle n’était donc pas valable ici ? Du haut de ton petit mètre et des brouettes tu te décidas finalement à pousser le loquet de fermeture de la porte-fenêtre sur la pointe des pieds et non sans mal. Tu laissais maintenant le soin à ta jeune visiteuse de pousser la vitre tout en restant un peu sur tes gardes, ton doudou au creux de la main pour te donner force et courage.
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